La pratique d’un art comme l’Aïkido peut être, comme le Jujitsu des féministes anglaises au début du 20ème siècle, plus qu’un art de défense, un « art total » « en raison de son aptitude à créer de nouvelles pratiques de soi qui sont autant de transformations politiques, corporelles, intimes. En libérant les corps des vêtements qui entravent les gestes, en déployant les mouvements […] en exerçant un corps qui habite, occupe la rue, se déplace, s’équilibre »(1) et qui ainsi instaure un autre rapport au monde, une autre façon d’être. Petit à petit notre posture change pour passer du « comment me défendre, sans faire de mal » à « être moi-même » et quels sont les moyens à ma disposition pour garder mon intégrité. Peut-être il y aura-t-il besoin de la rage comme force d’action, peut-être suffira-t-il de se lever et de dire « non ». C’est notre détermination qui changera tout. (…)
Les femmes trouvent une place de choix dans ce travail où leurs capacités peuvent s’exercer et progressivement découvrir qu’ « Il ne s’agit pas tant d’apprendre à se battre, que de désapprendre à ne pas se battre. »(2)(1,2) Elsa Dorlin, Se défendre : une philosophie de la violence, La Découverte 2017
Extrait de « Le monde où nous vivons » un article de Manon Soavi publié dans Self et Dragon Spécial n°2 en juillet 2020.